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Saint-Valentin et validisme dans le champ de la sexualité

C’est la Saint-Valentin, une journée où de nombreuses personnes handicapées souffrent de l’inexistence d’une vie affective et sexuelle et se sentent exclues de la sphère de la séduction.

Comme beaucoup d’autres, oui c’est vrai, mais pour bon nombre d’entre nous, le validisme va augmenter la difficulté d’accéder à une vie affective et sexuelle.
Certaines personnes, obligées de vivre en institution pourraient même ne jamais pouvoir la connaître.

Et pour la plupart, ce n’est pas grave, il y a des choses bien plus graves. Les personnes handicapées ont une sexualité ? Ah, mais entre elles alors ?
Ça arrange bien tout le monde de penser ça, pourquoi devrions-nous imaginer avoir des relations intimes avec des handis ?


Tantôt ange, tantôt monstre, la personne handicapée est totalement désexualisée dans les représentations et l’imaginaire collectif.

La bonne conscience amicale, mais l’indifférence amoureuse. « Ça arrive à tout le monde ! », me direz-vous. Bien sûr, sauf que le « ça arrive » suppose une exceptionnalité dans le parcours amoureux ; pour les personnes handicapées, cette exceptionnalité se transforme en norme. Ce « tout le monde » n’inclut pas les personnes handicapées car nous sommes d’emblée considérées en dehors des rapports de séduction. Cette situation a longtemps caractérisé mes « non-relations » amoureuses, comme celles de beaucoup d’individus qui ont pour point commun d’avoir un handicap. Ce n’est pas un hasard ; c’est bien le fruit d’un système qui relègue les êtres handicapés dans le non-désirable, le non-sexualisable, le ni beau ni moche, le juste invisible.

De chair et de fer – Vivre et lutter dans une société validiste – Charlotte Puiseux – Éditions La Découverte, 2022

Notons aussi la problématique des représentations culturelles romantiques où soit les personnes handicapées sont absentes, soit sont porteuses d’une vie dramatique à sauver ou à éliminer.

Le manque de plaire est dur à vivre aussi.
C’est vrai qu’on est moins souvent désiré, spontanément. C’est souvent une lutte pour nous que d’exister dans le game de la séduction. Simplement exister, être considéré comme un être genré, sexué. Aux yeux de beaucoup de valides, ça ne va vraiment pas de soi.
« À cause du handicap » ? Non, en tous cas pas comme un truc intrinsèque, mais bien davantage à cause du manque d’images culturelles adéquates. Chaque fois que le valide a vu un handi à l’écran, c’était pour parler de handicap. Le Téléthon, Intouchables, la prévention routière ou autre drame social. Jamais on ne nous invite pour parler de sujets légers, alors forcément, le valide ne percute pas qu’on peut être aussi ce genre de partenaires. Il faut lui indiquer lourdement…

Assistance sexuelle : droit au cul ?
celinextenso – février 2020

Avec cela, les personnes handicapées vont intégrer un fort validisme intériorisé ayant un impact délétère sur la propre vision d’elle-même.
« Je ne suis pas digne d’être aimée, désirée. C’est trop dur de vivre avec moi. Aucune personne ne voudra de moi».

Une tendance au repli et à l’autosabotage pour fuir les rejets possibles.

Les parents/familles ont aussi régulièrement tendance à penser que la vie affective et sexuelle ne sera pas possible et imaginable pour leur proche/enfant handicapé et à l’inculquer plus ou moins consciemment à la personne elle-même.

Tout cela crée un SURHANDICAP pour accéder à la vie affective et sexuelle.


Brisons ces stéréotypes et préjugés.

De nombreuses personnes handicapées connaissent une sexualité épanouie, et pas qu’entre elles !
Ne faisons plus de ces relations des situations exceptionnelles ou particulières.

Sortons les partenaires des personnes handicapées (pour un soir ou une vie) de leur aura de héros/héroïnes.

Commençons par prendre conscience du validisme, qui nuit aussi à la santé sexuelle, avant de nous en extraire progressivement.

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